En espérant que vous avez aimé écouter nos podcasts, cette semaine, nous concluons notre série The Morning after the Crisis avec une dernière conversation entre Marie Hélène Pereira et Fadel Barro: Le NTS et la reconstruction sociale post-crise. Journaliste et figure emblématique du mouvement citoyen Y’en a marre fondé en 2011, Fadel Barro est connu pour l’acharnement dont ses pairs et lui même ont fait preuve lors de la lutte contre la manipulation politique et l’abus de pouvoir manifesté par l’ancien régime du Président Me Abdoulaye Wade au terme de son second mandat. À travers un programme de sensibilisation sur toute l’étendue du territoire sénégalais, les membres du mouvement n’ont ménagé aucun effort quant à la prise de conscience nécessaire au rôle de chaque citoyen dans cette lutte. L’un des concepts  majeurs qu’ils ont vulgarisé était le Nouveau Type de Sénégalais (NTS) dont Barro parle comme suit: “Nous avons dit NTS!... À commencer par nous-mêmes, en rompant avec nos habitudes laxistes et fatalistes pour tendre vers un idéal de citoyenneté active capable de se prendre en charge et d’assumer pleinement son rôle et ses responsabilités dans l’émergence d’un Sénégal nouveau.” Au vu de l’impact que ce coronavirus a eu sur les populations malgré les efforts de protection et de lutte contre sa propagation, il devient urgent de réfléchir sur le devenir de la citoyenneté  après cette crise. Nonobstant le devoir de gestion de la pandémie par nos autorités publiques, l’on se demande quel serait le rôle du citoyen dans une telle situation? L’idéal de citoyenneté dont Fadel fait référence plus haut est-il aujourd’hui  construit dans un effort collectif d’éradiquer ce virus? En direction vers le lendemain de la crise, pourrons-nous encore aspirer à de nouveaux types de sénégalais?

Cette semaine, nous vous présentons une conversation entre Tabara Korka Ndiaye et Dr. Rama Salla Dieng: Des féminismes en Afrique. Le débat sur les féminismes en Afrique n’a pas fini de bousculer le confort du patriarcat. Partout sur le continent africain et la diaspora, des personnes, en plus de théoriser leur définition du féminisme en font plus qu'une lutte ponctuelle, c’est une manière de vivre. Il s’agit de rompre avec cette vieille idée reçue qui voudrait que les africaines soient ignorantes des luttes féministes. La maîtresse de conférence Dr Rama Salla Dieng est de celles qui s'intéressent à ces luttes en les documentant et les vulgarisant en plusieurs langues et sur différentes plateformes. Elle conduit une série d’entretiens Talking back: African feminisms in dialogue au coeur de laquelle sont longuement explorées des expériences féministes diverses et politiques. Dr Rama Salla Dieng est revenue sur les motivations de cette série et les enseignements qu’elle y a tiré. Nous avons également parlé de la parentalité pendant la pandémie Covid-19, de l’urgence de revoir les impositions sur les caractères de genre, d’une possible prise en charge des questions féministes dans un système politique socialiste, des paramètres à prendre en compte pour une effectivité des acquis des droits des femmes, de la politisation nécessaire de la jeunesse africaine et du monde après la Covid-19. Nous avons profité de ce moment avec Dr Rama Salla Dieng pour requérir son avis sur l'épineuse question du foncier au Sénégal qu’elle a tant explorée dans ses recherches.

This week, we present a conversation between Dulcie Abrahams Altass and artist Shezad Dawood: A multifaceted future for a many headed monster. The artist Shezad Dawood is currently working on the multi-stage project Leviathan, which explores a near future for a world impacted by a cataclysmic solar event. The episodes of Leviathan are vignettes from different locations that unravel the oft-overlooked meeting point between marine life, mental health and migration. A few months ago, just as Shezad was preparing to come to Dakar for a residency with RAW Material Company, and to work on a Leviathanepisode in Senegal, covid-19 was making its own journey across the planet and the residency had to be postponed. Life began imitating art, with crisis unfolding into crisis and scenes from Leviathan seeming more and more like a possibility with every passing week. A line from episode 1 of Leviathan began to take on new meaning “Each prophecy for the end of the world was coming to pass”. In this conversation, we will talk about the different futures and mornings after imagined in the series, and how such a project, particularly with its multidisciplinary approach, may help us to prepare for what comes next.

This week, we present a conversation between Fatima Bintou Rassoul Sy and artist Christian Nyampeta: École du soir - Six Films, from Rwanda and Beyond. A Pandemic. It would have been helpful for us to have been prepared for it. To be able to anticipate it. To know how to live it and deal with it. To experience it and accept it. Unfortunately, we're facing a situation that appears to us to be unprecedented. We are analysing past crises, but which in the current context seem distant and even abstract. We "collectively" feel like a cluster of patient 0's, whether or not we have contracted the virus. Our lifestyles, our conceptions, our understandings of the world as we have known it embrace mutations which, although painful, are irremediable. We are going to have to relearn how to live in this context, which for many people remains misunderstood to this day. Christian Nyampeta, accompanies us in this phase of transition that characterizes mornings after. Those days after, which for some are a utopia and for the rest of us are a necessity. Evening School - Six Films, From Rwanda and Beyond, brings together our recent history through the cinematic production of directors who have dealt with these questions to respond to the realities of war, territoriality and memories. These pebbles sown along the path of history are perhaps for us a means of recreating links and rethinking our globality. Evening School: Six Films, from Rwanda and Beyond, is a program convened by Christian Nyampeta as part of Artist Cinemas, an online film programming cycle designed by artists for e-flux Video & Film. You can learn more about this program here.

Cette semaine, nous vous présentons une conversation entre Fatima Bintou Rassoul Sy et MAD Zoo: Requiem pour une Pandémie. Les murs, les avez-vous remarqués ? Les avez-vous seulement regardés ? Ces murs peuvent se révéler à nous au détour d’une rue, au croisement d’un boulevard, à la sortie d’une autoroute. Ces murs peuvent nous apparaître partout et nulle part à la fois. Au Sénégal, le street art est considéré comme une forme à part entière d’expression culturelle. D’abord observé comme l’une des formes d’expression visuelle des cultures urbaines, le graffiti est rapidement devenu un symbole. Aussi, il n’est pas surprenant de voir les différents collectifs que comptent Dakar, prendre d’assaut les murs de la ville et d’y exprimer leur créativité, sous le regard admiratif des badauds et la complicité des riverains. Car le street art au Sénégal est collectif et militant, il est le reflet de notre société. Les thématiques peuvent diverger, les styles et la typographie également, mais ils garderont une chose en commun: une union par et pour le peuple. Au début de la pandémie, ils étaient là pour sensibiliser, éduquer, accompagner et soutenir. Aujourd’hui, ils sont à nouveau au rendez-vous pour dire et témoigner notre soutien à nos frères noirs de l’autre côté de l’Atlantique. Ils sont artistes, militants, activistes, penseurs, philosophes, oui tout ça et bien plus encore. Ils sont le RBS Crew. Le RBS Crew soit, RADIKL BOMB SHOT, est un collectif d’artistes graffeurs fondé le 30 mai 2012 à Dakar par KING MOW 504, MAD ZOO et KRAFTS. Leur crédo “Illuminer la vie des gens à travers leur art”.  Le RBS CREW est actuellement  composé de 16 membres, certaines de leurs oeuvres sont disponibles ici.

This week, we present a conversation between Marie Hélène Pereira and Elvira Dyangani Ose: Imagining futures for institutions in the era of social distancing. Elvira Dyangani Ose’s practice has been very much centered on the idea of coming together, the study of everyday life as a way of understanding herself and the meaning of her practice. In directing The Showroom, a space for knowledge sharing, for care, for intervention and contestation of traditional knowledge, her principal self-assigned mission has been to keep an attentive ear to the community that she describes as ‘intangible heritage’. Knowing then the importance of interacting and listening to our communities in our institutional missions we are tempted to ask what it means to abruptly stop? Thinking further, what would it mean to resume? In the case of RAW it has been very hard to imagine a continuation without the possibility of having our rituals of hospitality, of greeting our public and hearing about their week before diving into the collective thinking and exchange that can very much be understood as a pretext for keeping our community together. This interview builds on previous conversations manifested in different ways between RAW and Elvira throughout the past decade.

Cette semaine nous vous présentons une conversation entre Fatima Bintou Rassoul Sy et l’artiste Soly Cissé: « Corona » ! Dépendant du point de vue à partir duquel on se place corona peut faire référence de manière directe au virus qui sévit dans nos villes ainsi que nos campagnes. Mais, peut également faire écho, à un moment. Un moment de l’histoire qui d’une manière symbolique nous renvoie à une vérité qui n’aurait jamais dû nous échapper : “nous ne sommes pas seul.e.s”. Soly Cissé, à travers une série intitulée Corona, convoque notre responsabilité en tant qu’individus doués de conscience et de raison sur les dérives de notre monde. La Pandémie ou Mbas mi comme nous l’appelons communément en Wolof s’épanouit sur une toile où nous disparaissons progressivement. D’abord dépeint comme un animal mystique prêt à charger sur les individualistes que nous sommes, la figure menaçante du minotaure disparaît peu à peu afin de laisser place à une nature luxuriante. Comme prête à reprendre ses droits sur une terre où elle dominait tant que nous n’étions pas présents. Soly Cissé est un artiste dont la peinture lutte perpétuellement pour des causes qui lui paraissent justes. Il se dit artiste engagé et non politisé. Car selon lui, la Politique, vous oblige, vous conditionne et au final vous asservit. Il attire notre attention sur le fait que cette crise sanitaire est peut-être bien notre chance de discipliner et raisonner l’animal politique qu’est l’Homme avant qu’il ne soit trop tard. Corona, est une série du peintre Soly Cissé en réponse, à la crise que nous traversons collectivement. Elle est visible ici ou là.

In this second episode of The Morning After the Crisis, Dulcie Abrahams Altass, curator of programs at RAW Material Company, talks with militant interdisciplinary historian and long-time social and political organizer Sonia Vaz Borges about education being used as an act of civil resistance. Mainstream practices of schooling have, over the last few months, been stripped down to their core. Classroom doors have stayed closed, playgrounds empty and silent, cantines devoid of the smells that mark the childhoods of so many. In a mass attempt to protect the children of the planet - these vulnerable beings who hold hands, pull hair and share crackers - the overarching structures of schools have made way for an anarchy of learning governed by the time and psychological capacities of caregivers. While the negative effects are numerous, and large numbers of young people are finding their wellbeing or safety compromised, let us not forget the inherent dangers of an education led by the powers that be and their world view. Today, new divisions are emerging in countries across the globe as we grapple with when and how students and their teachers should return to classrooms. Away from official curricula however, groups throughout history advocating for social change have recognised the value of an alternate system of learning, such as the Black Panther’s Oakland Community School that opened in California in 1973. In West Africa, another west coast, schooling systems have largely been shaped by former colonial powers, despite a wealth of indigenous knowledge that merits transmission. Interdisciplinary researcher Sonia Vaz Borges has worked extensively on the Escola Piloto (pilot schools) and PAIGC schools - (African Party for the Independence of Guinea and Cape Verde) - that were a central prong of the fight for independence in Guinea Bissau. A former Portugese colony, this small West African nation fought for its independence, along with the independence of the nearby Cape Verde islands, in a war that lasted from 1963 until 1974. Together, we will delve into the history of these schools, and discuss how in a better world we might imagine alternative systems of schooling the children of our communities. And, in a moment of flux such as the one in which we currently find ourselves, how might the way we educate be used as an act of civil resistance?

Dans ce premier épisode de The Morning After the Crisis, Marie-Hélène Pereira, directrice des programmes de RAW Material Company s'entretient avec l'architecte et actrice culturelle Carole Diop à propos du futur de l'architecture et de l'aménagement urbain au Sénégal. En 1914, une épidémie de peste s’abattait sur la ville de Dakar. Une des mesures d’hygiène prise par l’administration gouvernante française à l’époque était de déguerpir tous les habitants indigènes du ‘centre ville’ en direction de la périphérie, d’où la création du quartier historique de la Médina. Cette mesure a constitué sans nul doute une des plus grandes insultes de gestion de l’espace en temps de crise sanitaire dans l’histoire du Sénégal bien qu’elle fut à l’origine de la création d’un des quartiers les plus importants de Dakar, foyer d’activisme, de révolution et de construction communautaire forte. Face à la crise du Covid-19, nous sommes de nouveau face à un dilemme de gestion des espaces pour une maîtrise de la propagation du virus. Sachant que les modes de vie sociale sont tels qu’il est difficile de délimiter les espaces de manière radicale comme nous l’avons vu dans d’autres pays d’occident, quelle serait la gestion idéale de nos espaces post crise? Quelles stratégies adopter sans pour autant biaiser le sens de la communauté très ancré dans nos modes de vie? Carole Diop est Fondatrice et Directrice de publication de la revue Afrikadaa. Cette jeune architecte diplômée de l'ENSAPVS, exerce aujourd'hui à Dakar où elle s'est installée après ses études. Carole Diop préside l'association Afrikadaa à Dakar qui participe activement à la vie culturelle sénégalaise notamment avec la mise en place de SN Art, des rendez-vous culturels mensuels qui permettent aux acteurs culturels de tous horizons d'échanger autour de thématiques liées au développement des industries créatives au Sénégal. Carole a également été représentante du Sénégal au Forum Mondial des Jeunes Architectes.

Hello and welcome to RAW Podcasts. RAW Material Company is a centre for art, knowledge and society based in Dakar, Senegal. Two years ago, on the occasion of the fiftieth anniversary of the events of May 1968, RAW Material Company put together the programme The Morning After the Revolution?, looking at what came to pass in the aftermath of that “revolution”, in the proverbial morning after. In a second act to the program, our new online series draws on the wisdom and imagination of inspiring and creative individuals working in different fields to anticipate the morning after the current COVID-19 crisis that has engulfed the entire planet. We may very well be in the twilight of systems and norms that appeared mere months ago unmovable. And so, we use the same perspective applied to May 1968 and adapt it to the current situation; if morning after there will be, over what world will the sun rise? As everything, everywhere, shifts, and governments and international agencies are putting out fires, it becomes of the utmost importance to lend an ear to the creative minds that surround us. During these in-depth interviews, we will get to know the work of our guests better and start putting together the pieces of our shared future, on a number of different scales. We hope to move together from a space of acute uncertainty to a current of radical imagination born from the commitment and expertise of our guests. Artists, scholars, writers, lawyers, curators and activists, amongst others, join us over the coming months for interviews hosted by members of the team. RAW Material Company wishes to acknowledge the valuable support of Arts Collaboratory, Ammodo Stichting, Johann Jacobs Museum, Osiwa, Agnes Gund, Africa's Out and Foundation for Arts Initiatives. We would also like to thank Ibaaku for the music.

Bonjour et bienvenu.e.s à RAW Podcasts. RAW Material Company est un centre pour l’art, le savoir et la société basé à Dakar, au Sénégal. Il y a deux ans, à l'occasion du cinquantième anniversaire des événements de mai 1968, RAW Material Company a conçu The Morning After the Revolution?, en se penchant sur ce qui était arrivé au lendemain de la dite "révolution", dans le proverbial matin d'après. Dans ce second acte du programme, la nouvelle série mise en ligne par RAW Material Company fait appel à la sagesse et à l'imagination d'individus inspirants et créatifs travaillant dans différents domaines. Cette série vise à anticiper les lendemains de la crise du COVID-19 qui a englouti la planète entière. Car il se pourrait que nous soyons au crépuscule de systèmes et de normes qui semblaient inamovibles il y a quelques mois à peine. Nous utilisons donc la même approche que celle appliquée à Mai 1968 et l'adaptons à la situation actuelle ; s’il devait y avoir un matin d'après, sur quel monde le soleil se lèverait-il ? Alors que tout, partout, change, et que les gouvernements et agences internationales luttent contre les incendies, il est primordial de prêter une oreille attentive aux esprits créatifs qui nous entourent. Au cours de ces entretiens approfondis, nous apprendrons à connaître le travail de nos invité-e-s et nous commencerons à rassembler les pièces de notre avenir commun, à différentes échelles. Nous espérons passer ensemble d'un espace d'incertitude aiguë à un courant d'imagination radical né de l'engagement et de l'expertise de nos invité-e-s. Artistes, universitaires, écrivains, juristes, commissaires et activistes, entre autres, se joindront à nous au cours des prochains mois pour des entretiens animés par des membres de l'équipe. RAW Material Company souhaite souligner le précieux soutien d’Arts Collaboratory, d’Ammodo Stichting, du musée Johann Jacobs, d’Osiwa, de la fondation Agnes Gund, d'Africa's Out et de la Foundation for Arts Initiatives. Nous tenons également à remercier Ibaaku pour la composition sonore.